Ordre du temple Solaire (OTS)
Autres appellations
Ordre International Chevaleresque de Tradition Solaire (OICTS); Fondation Golden Way; Association de recherches culturelles (ARC); Alliance Rose+Croix (ARC).
Fondateurs
Joseph (Jo) Léonce Di Mambro (1924-1994)
Groupe d’inspiration
ésotérique (origine occidentale)
Mission
- Rétablir la notion exacte d’autorité et de pouvoir dans le monde.
- Affirmer la primauté du spirituel sur le temporel.
- Redonner à l’homme la conscience de sa dignité.
- Aider l’humanité en son passage.
- Participer à l’Assomption de la Terre sur les trois plans : corps, âme, esprit.
- Concourir à l’unité des Églises. Œuvrer à la jonction Chrétienté-Islam.
- Préparer le Retour du Christ en gloire solaire.
Source : Peronnik [pseudonyme de Robert Chabrier], Pourquoi la Résurgence de l’Ordre du Temple, 1975. Cité dans Jean-François Mayer, Les mythes du Temple Solaire, 1996 : 47 [n. 12].
Présence
À l’heure actuelle, l’OTS est officiellement dissout. Jusqu’en 1994, on comptait des adeptes en Suisse, en France, en Espagne, au Canada, en Martinique et aux États-Unis.
Nombre approximatif de membres
Probablement jamais plus que quelques centaines. Jean-François Mayer recense 442 membres en 1989.
Description générale
C’est en 1984 que Jo Di Mambro, aidé du médecin homéopathe Luc Jouret (1947-1994), fonde l’Ordre International Chevaleresque de Tradition Solaire, qui sera connu sous le nom d’Ordre du Temple Solaire. Les inspirations pour sa création sont multiples : l’ordre médiéval des chevaliers templiers protecteurs de la foi chrétienne, le revivalisme néo-templier de la fin du XVIIe siècle, la tradition rosicrucienne moderne, la théosophie de H. P. Blavatsky, l’école Arcane d’Alice Bailey, le mouvement New Age, ainsi que certaines idées apocalyptiques chrétiennes.
L’OTS est resté relativement inconnu jusqu’en 1994, alors qu’en l’espace de trois ans et demi, 74 de ses membres décèdent dans des circonstances tragiques : 5 décès le 4 octobre 1994 à Morin Heights, au Québec, 25 décès à Grange-sur-Salvan et 23 décès à Cheiry, en Suisse le 5 octobre 1994, 16 décès le 15 décembre 1995 au Vercors, en France, et finalement 5 décès le 23 mars 1997 à St-Casimir-de-Portneuf, au Québec. Jo Di Mambro et Luc Jouret comptent parmi les victimes de Grange-sur-Salvan. Les enquêtes policières menées à ce jour ont conclu à un suicide collectif. Les documents laissés par l’OTS, de même que les conférences et communications des dirigeants laissent en effet entendre que les membres se préparaient à ce qu’ils appelaient un « transit », c’est-à -dire un processus menant à leur transport dans un autre monde.
Trois éléments fondamentaux des enseignements de l’OTS permettent de remettre en contexte les justifications qui ont permis aux dirigeants de promouvoir l’idée du « transit » au sein des membres. D’abord, la croyance (influencée entre autres par la théosophie de Mme Blavatsky et par la pensée d’Alice Bailey) qu’il existe des « Maîtres » résidant sur une étoile nommée Sirius, et qui se sont donné pour mission de guider l’humanité vers l’éveil spirituel. Par le transit, les membres de l’OTS prétendaient être en mesure de se rendre sur Sirius.
Ensuite, la croyance en la réincarnation, qui permet aux adeptes d’affirmer que leur esprit peut quitter leur corps terrestre, être réincarné sous une forme de vie spirituelle élevée, et devenir eux-mêmes des maîtres ascensionnés. Finalement, un message apocalyptique à saveur écologique qui cherche à convaincre les adeptes de la fin imminente de la planète, du déclin inévitable de l’humanité, et de l’impossibilité d’un salut sur la Terre. La combinaison de ces trois éléments à l’intérieur de la rhétorique des dirigeants de l’OTS a fort probablement permis à ceux-ci de convaincre les adeptes de la nécessité de procéder à un « transit » vers une autre dimension de la vie humaine.
Plusieurs proches des victimes, ainsi que quelques journalistes, ont remis en question la thèse du suicide collectif et parlent plutôt de meurtres. À ce jour, seul Michel Tabachnik, qui fut impliqué de près dans l’Ordre, fut poursuivi pour association de malfaiteurs, inculpation dont il fut relaxé en 2001. Bien que la justice ait clos le dossier, la distinction entre suicide et meurtre dans cette affaire reste difficile à déterminer et beaucoup de gens croient encore que les véritables responsables sont toujours vivants et sont restés impunis.
Quelques références
Mayer, Jean-François. Les mythes du Temple Solaire. Genève, Georg Éditeur, 1996.
Mayer, Jean-François. « Les chevaliers de l’Apocalypse: l’Ordre du Temple Solaire et ses adeptes ». Dans Champion, Françoise et Martine Cohen, dir. Sectes et démocratie. Paris, Seuil, 1999, p. 205-223.
Introvigne, Massimo. « Une dérive vers l’homicide et le suicide : l’Ordre du Temple Solaire ». Dans Champion, Françoise et Martine Cohen, dir. Sectes et démocratie. Paris, Seuil, 1999, p. 300-313.