Centre culturel islamique de Québec (CCIQ)
Les données contenues dans cette fiche ont été recueillies lors d’une recherche documentaire et de terrain menée à l’hiver 2015 par Richard Chamberland, agent de recherche au CROIR.
Fondateurs
Mohamed Ishaq, Jamil Siddiqi, Boufeldja Benabdallah.
Groupe d’inspiration
musulmane
Mission
Le CCIQ s’est donné la mission de développer des outils permettant un meilleur épanouissement spirituel, social et économique de la communauté musulmane. Plus précisément, les activités du CCIQ visent à :
- « Regrouper les musulmans de la région de Québec et leur offrir un cadre de vie spirituelle et socioculturelle islamique, en harmonie avec la société québécoise et canadienne à laquelle ils appartiennent »;
- « Susciter de l’adhésion et développer le sentiment d’appartenance à la communauté musulmane chez les frères et sœurs qui ne fréquentent pas nos lieux de culte »;
- « Renforcer et augmenter les capacités d’action de la communauté en améliorant la coordination entre l’ensemble des initiatives »;
- « Doter la communauté musulmane de la région de Québec d’une infrastructure adéquate qui répond à ses spécificités musulmanes et veiller à la bonne marche d’une telle infrastructure »;
- « Faire connaître la communauté musulmane et l’islam au sein de la société québécoise et avoir une stratégie de communication pour soigner et préserver son image auprès de l’opinion publique »;
- « Promouvoir de bonnes raisons et une étroite collaboration avec d’autres institutions, associations et organismes musulmans ».
Source : www.cciq.org/?page_id=22
Présence
Le centre dessert une communauté d’environ 7 000 musulmans dans la grande région de Québec.
Description générale
Le Centre culturel islamique de Québec (CCIQ) est un organisme à but non lucratif incorporé en 1985 et reconnu comme tel par les gouvernements du Canada et du Québec. Il dessert une communauté évaluée à plus de 7000 personnes dans deux lieux de culte situés dans l’arrondissement Sainte-Foy – Sillery – Cap-Rouge, à Québec.
Bref historique
Le Centre culturel islamique de Québec (CCIQ) voit le jour en 1985. Son histoire commence cependant dès l’hiver 1971 avec la rencontre de quatre étudiants musulmans de l’Université Laval : Mohamed Ishaq, professeur de mathématiques originaire de l’Inde, Ahmad Shafaat, chercheur invité en mathématiques du Pakistan, Ahmed Sayed, étudiant en hydrologie du Bangladesh, et Boufeldja Benabdallah, étudiant en foresterie de l’Algérie. L’année suivante, ils créent l’Association des étudiants musulmans de l’Université Laval (AEMUL), et, en 1978, inaugurent le premier lieu de culte musulman à Québec au sous-sol du Pavillon H.-Biermans-L.-Moraud. L’AEMUL constitue le premier regroupement de musulmans à Québec.
Pour faire face au nombre grandissant d’étudiants et d’immigrants en provenance de pays musulmans francophones, les fondateurs de l’AEMUL mettent sur pied en 1985 le Centre culturel islamique de Québec (CCIQ). Ce dernier deviendra rapidement le pivot de la communauté musulmane de Québec. Dans les années 1990, l’immigration musulmane connaît en effet un essor en raison des accords interuniversitaires signés entre le Québec et certains pays francophones de l’Afrique du Nord et subsaharienne. Un nouveau lieu de culte devient donc nécessaire en dehors de l’Université Laval. Le CCIQ inaugure donc en 1998 la Mosquée Annour située sur l’avenue Myrand à Sainte-Foy, mais le manque d’espace oblige le centre à lancer le projet d’une deuxième mosquée dès 2002. En 2008, la communauté achète une ancienne caisse populaire Desjardins située à l’angle de la route de l’Église et du chemin Sainte-Foy pour la somme de 1,4 millions de dollars. L’immeuble réaménagé portera désormais le nom de Grande Mosquée de Québec. Depuis 2009, cette dernière abrite les locaux du CCIQ et la plus grande salle de prière de la région.
Structure et organisation
Le CCIQ est gouverné par un conseil d’administration composé de neuf personnes élues par l’assemblée générale des membres. Ce conseil d’administration a pour rôle de présenter en détail à l’assemblée générale annuelle les réalisations du CCIQ, sa situation financière ainsi que ses perspectives futures.
Pour participer aux assemblées générales, voter sur les orientations du plan stratégique du CCIQ et intégrer le conseil d’administration, il faut devenir membre en règle du CCIQ. Toute personne de religion musulmane âgée de 18 ans et plus peut devenir membre actif du CCIQ. On devient membre du CCIQ en faisant une demande d’adhésion au conseil d’administration et en payant la cotisation annuelle qui est fixée au début de l’année par le CA. Les membres proviennent de trente-deux pays d’origine, majoritairement des pays du Maghreb (Maroc, Algérie, Tunisie, Égypte).
La Grande Mosquée et la Mosquée Annour, lieux de culte et de socialisation pour les musulmans, forment la plus grande partie du Centre culturel islamique de Québec. Il inclut également une école coranique ainsi qu’une école d’arabe.
Le lien entre le CCIQ et les autres organismes musulmans de la région (AEMUL, Mosquée de la Capitale, Mosquée de Limoilou, Centre communautaire du MAC) en est un de collaboration s’inscrivant essentiellement au niveau de certaines activités qui sont organisées conjointement. Le CCIQ n’est pas affilié à d’autres organisations musulmanes et ne fait pas partie de regroupements nationaux ou mondiaux plus grands. Son conseil d’administration est autonome et indépendant.
Depuis 1985, le CCIQ offre une gamme de services d’ordre religieux, socioculturel et éducatif aux membres de la communauté musulmane de Québec, aux non-musulmans ainsi qu’aux institutions. Tous les services sont délivrés par des bénévoles appuyés par quelques employés.
Pour les membres de la communauté, les services offerts sont :
- Les prières quotidiennes et la prière du vendredi;
- L’école coranique avec un programme pour enfant et un programme pour adulte;
- L’école d’arabe (école Salam) avec un programme pour enfant et un programme pour adulte;
- Une bibliothèque islamique;
- L’organisation de conférences religieuses et socioculturelles;
- Diverses activités communautaires : soupers, journée de la famille, activités pour les jeunes, activités pour les femmes, etc.
- Un service de célébration de mariages (à venir);
- Un service funéraire;
- Les célébrations entourant le Ramadan (activités spirituelles et sociales);
- Les célébrations entourant les deux grandes fêtes islamiques : la fête de la rupture du jeûne du Ramadan (Aïd al-Fitr) et la fête commémorant le sacrifice du bélier fait par le prophète Abraham en substitution du sacrifice de son fils Ismaël;
- Un service d’annonces publiques (naissance, mariage, célébration, Walima, Sadaka, décès, succès, prix, distinction).
Pour les non-musulmans, les services qui sont offerts sont :
- L’organisation de conférences à la mosquée, à l’université, dans les cégeps et les écoles secondaires, etc.
- Des visites guidées d’une mosquée;
- Des journées portes ouvertes;
- Des rencontres avec l’imam, les employés et les bénévoles;
- Des cours d’arabe.
Pour les institutions, les services offerts sont :
- Des formations sur l’islam;
- Des conseils de la communauté dans leurs champs d’expertise;
- Des commentaires sur un événement d’actualité, une décision politique ou judiciaire, etc.
Source : www.cciq.org/?page_id=1029
Convictions fondamentales :
Les musulmans qui fréquentent le CCIQ respectent en général les fondements de la foi musulmane qui peuvent se résumer en six points :
- L’unicité d’Allah. Allah est Un, il est Unique, incomparable, sans associés. Il n’a pas de fils ni de partenaire.
- La foi aux anges créés par Allah. Les anges sont d’honorables créatures qui n’adorent qu’Allah. Ils n’obéissent qu’à ses ordres. Parmi eux, il y a Gabriel qui a transmis le Coran à Mohammed.
- La foi aux livres célestes. Allah a révélé des livres à ses messagers pour qu’ils servent de preuves et de guides à l’humanité. Le Coran est le livre qu’il a révélé au prophète Mohammed au début du VIIe siècle par l’entremise de l’archange Gabriel, à la Mecque, puis à Médine, sur une période de vingt-deux ans. Le Coran renferme les dogmes et les principes moraux de l’islam. Dans les pays musulmans, il constitue la source du droit et de l’administration.
- La foi aux messagers d’Allah. Allah a envoyé aux hommes des prophètes et des messagers qui étaient tous des êtres humains ne possédant aucune des qualités divines d’Allah. Adam fut le premier messager envoyé, Noé le second, et ensuite Abraham, Ismaël, Isaac, Jacob, Moïse et Jésus. Mohammed est le dernier prophète qu’Allah a envoyé aux hommes. C’est à lui qu’Allah a révélé son dernier message pour l’humanité.
- La foi au jour du jugement dernier. Lors du jour du Jugement (ou jour de la Résurrection), Allah ressuscitera tous les hommes afin de les juger en fonction de leurs croyances et de leurs actions.
- La foi au destin, qu’il soit bon ou mauvais. C’est la croyance en la prédestination divine (Al-Qadar). Cette croyance en implique quatre autres : 1- Allah sait tout. Il connaît les événements du passé et du futur; 2- Allah a consigné par écrit le passé et le futur de l’homme; 3- Tout ce qu’Allah décide a lieu, et tout ce qu’il refuse n’a pas lieu; 4- Allah est le créateur de toutes choses.
De même, les membres qui fréquentent le CCIQ respectent habituellement les cinq piliers de l’islam qui constituent le fondement du mode de vie islamique. Ces piliers sont :
- La profession de foi (Chahada)
La profession de foi est le pilier le plus important de l’islam. Elle est l’essence même de la religion. Tous les actes du musulman sont liés à ce pilier. La profession de foi est un témoignage qui consiste à déclarer avec conviction qu’« Il n’y a pas d’autre dieu qu’Allah et Mohammed est son Messager (prophète) ». Par ce témoignage qui lui permet de devenir musulman, l’homme atteste d’une part qu’Allah est unique, sans associés (il n’a ni partenaire ni fils), et méritant seul l’adoration, et d’autre part, que Mohammed est le sceau des prophètes et le porteur du dernier message divin : le Coran.
- La prière (Salat)
Les musulmans prient cinq fois par jour. Les prières sont obligatoires et chacune d’elles ne demande que quelques minutes. Les cinq prières sont les suivantes :
● La prière du matin qui se fait avant le lever du soleil;
● La prière du midi;
● La prière de l’après-midi;
● La prière de la tombée du jour;
● La prière de la nuit (environ 1h30 après le coucher du soleil).
Les prières peuvent se faire à peu près n’importe où (dans un champ, au bureau, à l’université, etc.) en direction de la Mecque. Puisqu’il n’y a pas d’intermédiaire dans la religion musulmane entre Allah et le croyant, la prière crée un lien (salat) direct entre Allah et celui-ci. Elle a été prescrite à la communauté lors du voyage et de l’ascension de Mohammed.
- L’aumône légale (Zakat)
Le Coran contient plus de quatre-vingts versets ordonnant de s’acquitter de la zakat. La zakat est un impôt religieux prélevé sur des biens que le musulman a eu en sa possession pendant toute une année lunaire, à l’intention de certaines catégories de nécessiteux. Les biens soumis à l’aumône sont la monnaie (2,5 % d’acquittement), les bestiaux, les marchandises, les métaux extraits du sol, les fruits et les céréales.
On ne donne pas la zakat à la famille du Prophète, à l’homme capable de travailler et au non-musulman.
Outre de subvenir aux besoins des pauvres et des nécessiteux, la zakat a pour but de purifier l’âme de l’avarice, de limiter l’accumulation des richesses et d’instaurer des œuvres d’utilité publique (écoles, hôpitaux, etc.).
- Le jeûne du mois du Ramadan
Chaque année, pendant le neuvième mois du calendrier lunaire (de 29 ou 30 jours), les musulmans s’abstiennent de manger, de boire, de fumer et d’avoir des rapports sexuels entre le lever et le coucher du soleil. Lié à l’année lunaire, plus courte de 11 jours que l’année solaire, le Ramadan se déplace dans le temps.
Le Ramadan est l’une des deux grandes fêtes religieuses des musulmans. L’autre grande fête est celle du sacrifice (ou fête du bélier, fête du mouton) qui commémore, 70 jours après la fin du Ramadan, le sacrifice d’Abraham de son fils Ismaël. Au 27e jour du jeûne de Ramadan, les musulmans se rappellent que Mohammed a reçu de Dieu, dans la nuit de l’an 610, la révélation du Coran par l’intermédiaire de l’ange Gabriel. C’est au cours de cette nuit que les croyants s’efforcent de terminer la récitation des 114 sourates du livre sacré, commencée au début du mois.
Le jeûne de Ramadan est prescrit pour les adultes en bonne santé. Les malades, les handicapés, les voyageurs, les femmes enceintes ou en période de menstruation en sont exemptés. Le jeûne peut alors être différé au cours de l’année ou compensé par des dons faits aux pauvres.
Les musulmans conçoivent le jeûne de Ramadan comme un acte d’adoration et de soumission à Allah. Les privations physiques que le croyant s’impose doivent démontrer non seulement sa capacité à se priver pour un temps de ce qui lui semblait indispensable, mais aussi à exercer sa patience, à affermir sa volonté, à éviter les mauvaises paroles ou les mauvais comportements, et à éprouver la sincérité de sa foi en Allah. Pour les musulmans, le jeûne est compris surtout comme une façon de se purifier spirituellement.
- Le pèlerinage à la Mecque (Hadj)
Le pèlerinage à la Mecque est une prescription que le musulman adulte doit accomplir au moins une fois dans sa vie s’il en a les capacités physiques et s’il possède « la monture et le viatique ». On entend par là la possession matérielle des frais de transport de même que les dépenses en période de pèlerinage pour soi-même et pour sa famille durant l’absence du pèlerin. En plus de remplir ces deux conditions, la femme doit être accompagnée de son mari, sinon d’un autre homme pour veiller sur elle ou de deux autres femmes vertueuses s’il n’y a pas d’homme pour l’accompagner.
Le Hadj a lieu le douzième mois du calendrier islamique. Chaque année, près de deux millions de personnes de toutes origines accomplissent les rites sacrés traditionnels : tourner sept fois autour de la Kaaba (l’édifice cubique noir que les musulmans voient comme le sanctuaire que Dieu a ordonné à Abraham et son fils Ismaël de construire), faire sept fois l’aller-retour entre les collines de Safa et Marwa et prier à la station Arafat où les musulmans demandent pardon à Dieu.
Source : www.cciq.org/?p=3693
Tout comme les musulmans en général, les membres qui fréquentent le CCIQ s’imposent un certain nombre d’obligations morales qu’ils fondent sur le Coran et les hadiths (textes qui rassemblent les paroles et les actes de Mohammed et qui ont pour but d’expliquer le Coran) :
- Respecter la parole donnée et l’exécution des promesses;
- Avoir une bonne moralité et un bon caractère;
- Pour les responsables, traiter leurs administrés avec douceur, veiller à leurs
intérêts, leur donner le bon conseil, les prendre en compassion; ne pas les
tromper, ne pas être trop sévères envers eux; - Faire preuve de clémence, de patience et de douceur;
- Garder le secret qui nous est révélé;
- Rendre visite aux malades;
- Suivre les cortèges funèbres;
- Soutenir le faible;
- Aider l’opprimé;
- Saluer les gens;
- Ne pas faire mentir le serment de quelqu’un;
- Être modeste et avoir une attitude humble et bienveillante;
- Dire « je t’aime » à celui qu’on aime.
Source : www.cciq.org/?cat=217
Parmi les pratiques, soulignons l’obligation de la circoncision, l’interdiction de boire de l’alcool, de consommer du porc, une bête morte, le sang et des produits alimentaires contenant de la gélatine. Toute viande consommée doit suivre les normes de l’abattage rituel islamique (l’abattage halâl) : l’animal doit être en bonne santé et doit être tué par un boucher musulman qui lui coupe les artères de la gorge d’un seul coup avec un couteau bien aiguisé (pour éviter que l’animal souffre), en invoquant Allah (le boucher remercie Allah pour l’animal). L’animal est consommé après avoir été vidé de son sang. La viande préparée et prête à être consommée est dite halâl.
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