Église universelle et triomphante

Les données contenues dans cette fiche ont été recueillies lors d’une recherche documentaire menée à l’été 2012 par Frédérique Bonenfant, agente de recherche au CROIR.

Autres appellations 

Church Universal and Triumphant (C.U.T); Summit Lighthouse; Phare du sommet.

Fondateurs 

Mark L. Prophet (Summit Lighthouse) et Elizabeth Clare Prophet (C.U.T.).

Groupe d’inspiration 

ésotérique (mouvement I AM); développement du potentiel humain

Mission 

  • Publier et diffuser les enseignements des maîtres ascensionnés.
  • Conduire l’humanité à son plein potentiel spirituel
  • Préparer la venue d’un nouvel âge d’or.

Présence 

Mouvement international, avec une forte concentration aux États-Unis, au Brésil et en Russie.

Nombre approximatif de membres 

30 000

Description générale

Bref historique

C’est dans la lignée du mouvement I AM (« Je Suis ») que le Summit Lighthouse (en français le Phare du sommet) a été fondé à Washington en 1958 par Mark L. Prophet, un ancien adepte du mouvement Bridge of Freedom de Geraldine Innocente. Prophet désirait développer un nouveau groupe sous la tutelle du maître ascensionné El Morya, dont il disait recevoir les dictées depuis quelques années. Plusieurs autres maîtres d’ascension, tous considérés comme des membres de la « Fraternité blanche » (en référence au rayonnement de leur aura), seraient venus ensuite se joindre au mouvement et offrir des enseignements publiés encore aujourd’hui sous la forme de textes appelés Pearls of Wisdom (Perles de sagesse).

En 1961, Prophet rencontre sa seconde épouse, Elizabeth Clare Wulf, et lui offre une formation complète pour devenir tout comme lui une « messagère » des maîtres ascensionnés. En réponse à une dictée provenant du maître ascensionné Saint-Germain, le couple Prophet crée en 1962 la Fraternité des gardiens de la flamme (Keepers of the Flame Fraternity), vouée à la protection de la « flamme de vie » résidant en l’humanité, et à l’application des enseignements véhiculés par le Summit Lighthouse.

À partir de 1966, une communauté prospère s’installe autour du couple Prophet à Colorado Spring, dans l’État du Colorado. Le mouvement y attire un bon nombre de jeunes idéalistes baby-boomers issus du mouvement hippie qui laissent tout derrière eux pour partir à la recherche d’un mode de vie différent et pour préparer la venue d’un nouvel âge d’or annoncée par les maîtres ascensionnés. Elizabeth Prophet crée à cette époque l’une des premières écoles basées sur la pédagogie de Maria Montessori, offrant l’éducation spirituelle et académique aux enfants de la communauté. Les quartiers généraux du Summit Lighthouse sont déplacés à Santa Barbara en 1972, et la Summit University est alors créée pour encadrer les activités d’enseignement du mouvement.

Mark Prophet décède en 1973. Selon ses fidèles, il continuerait son travail auprès de l’humanité en tant que maître ascensionné Lanello. Elizabeth Clare Prophet prend alors la tête d’un mouvement qui se diffuse déjà dans plusieurs États américains, au Canada, en Europe, en Afrique, en Australie et aux Philippines. La messagère déclare à cette époque avoir reçu en dictée (du défunt pape Jean XXIII) la suggestion de modifier le nom de l’organisation et de créer une nouvelle structure pour rassembler les fidèles. L’Église universelle et triomphante (Church Universal and Triumphant) est alors créée, un an après la mort de Mark Prophet.

Le siège social de l’Église est déplacé à Pasadena en 1976, près de Malibu en 1978 (un site rebaptisé Camelot), puis finalement à Livingston (Montana) sur un site qui sera appelé Royal Teton Ranch, à la frontière du parc Yellowstone, en 1986. En plus de ses activités de publication et d’enseignement, le mouvement développe sur le ranch une communauté spirituelle auto-suffisante de plus de six cents membres. L’Église estime cependant avoir perdu près de la moitié de ses fidèles à la fin des années 1980, à la suite de nombreuses controverses entourant les prédictions apocalyptiques d’Elizabeth Prophet. Celle que l’on nommait affectueusement « la mère de la flamme », « Guru Ma » ou simplement « Mother », a dirigé d’une main de fer le mouvement jusqu’en 1999, année où elle dût se retirer de l’administration en raison de problèmes liés à la maladie d’Alzheimer qui l’accablait. Sous la gouverne d’un conseil administratif, l’Église universelle et triomphante, privée de sa charismatique dirigeante, débute alors une phase d’ouverture sur le monde avec une réduction considérable des biens et des effectifs du Royal Teton Ranch et le déploiement de cours, de conférences et de séminaires à l’étranger.

Elizabeth Prophet décède en 2009 à l’âge de soixante-dix ans. Malgré plusieurs aspirants (dont deux des enfants Prophet), l’Église n’a reconnu aucun autre « messager » des maîtres ascensionnés après le départ de sa fondatrice. Le comité administratif actuel de l’Église universelle et triomphante se concentre sur la transcription et la traduction de plus de 20 000 heures d’enseignements de Mme Prophet sur bande audio ou vidéo, accumulés dans l’abri nucléaire du Royal Teton Ranch. Il existe cependant quelques mouvements créés par d’anciens membres de l’Église qui prétendent poursuivre la mission de délivrer les enseignements de la Fraternité blanche (Temple of the Presence, The Heart Center, etc.).

Au Québec, les premiers groupes d’études du Summit Lighthouse s’installent vers la fin des années 1980 pour offrir des conférences et des séminaires grand public, entre autres à l’Université Laval. Le Centre d’étude Summit Lighthouse de Québec (Maison de Saint-Germain) s’installe officiellement sur le boulevard Saint-Cyrille (aujourd’hui le boulevard René-Lévesque) en 1988. Il est toujours situé dans le quartier Saint-Sacrement, mais demeure très peu actif. La communauté active la plus proche est située à Montréal. Elle possède entre autres la maison d’édition Lumière d’El Morya qui édite les versions francophones des Å“uvres publiées par le Summit Lighthouse.

Croyances fondamentales

Le Summit Lighthouse a initialement été créé par Mark Prophet dans l’optique de poursuivre l’œuvre du Bridge of Freedom de Geraldine Innocente et du mouvement I AM popularisé par Guy W. Ballard dans les années 1930. La croyance en la présence individualisée de Dieu en chaque être humain, appelée la présence JE SUIS, représente le cÅ“ur de la doctrine de ces mouvements. La « science » de cette présence divine en chaque être humain est considérée par les adeptes comme un cadeau fait à l’humanité par les maîtres de la Fraternité blanche, un regroupement d’êtres libérés du cycle des réincarnations qui Å“uvrent au développement de l’humanité depuis d’autres dimensions. Les enseignements de ces maîtres sont reçus en dictées conscientes par des « messagers », tels que H. P. Blavatsky (fondatrice de la Société de théosophie) le faisait avec les Mahatmas. Plusieurs noms de maîtres connus en théosophie seront d’ailleurs repris par le Summit Lighthouse et ensuite l’Église universelle et triomphante et ajoutés à une liste considérable d’enseignants. Parmi les deux cents maîtres ayant offert des dictées aux messagers Mark et Elizabeth Prophet, nous retrouvons El Morya, Jésus, Kuthumi, Saint-Germain, Moïse, Marie, Sérapis Bey, et Nara.

Les adeptes du Summit Lighthouse et de l’Église universelle et triomphante partagent également avec le mouvement I AM l’utilisation de la flamme violette, un feu spirituel associé au maître Saint-Germain. Ce feu posséderait la capacité de purifier le karma négatif et d’accélérer le cheminement de l’âme jusqu’au point culminant de l’ascension. L’objectif ultime du cheminement spirituel est considéré comme étant l’union définitive du moi individuel et de la présence JE SUIS (Dieu), à travers la forme intermédiaire appelée le Moi christique (le Christ individualisé). Cette « ascension » est possible à la mort de l’individu si son karma est suffisamment purifié par la flamme violette.

Les autres enseignements principaux de l’Église portent sur les sept rayons cosmiques et leurs seigneurs (Chohans), les chakras, la science du Verbe (des « décrets »), les Élohims, les élémentaux, les flammes jumelles, ainsi que l’histoire de notre univers et de ses grands maîtres.

Structure et organisation

L’Église possède un fonctionnement inspiré de l’Église catholique : les « communicants » assistent à des offices comprenant la communion, la récitation de « décrets », ainsi que la lecture et l’écoute des « dictées » provenant des maîtres ascensionnés. Le mouvement possède également une fraternité d’étude (Keepers of the Flame Fraternity, depuis 1962) et une université ésotérique (Summit University, depuis 1972). Le Summit Lighthouse, devenu l’organe de diffusion de la littérature de l’Église, publie encore aujourd’hui, à travers les Pearls of Wisdom et d’autres livres, des milliers d’enseignements provenant de maîtres ascensionnés tels que Jésus, Kuthumi, El Morya, Marie, Saint-Germain ou Maitreya.

L’Église assure l’ensemble des aspects liturgiques de l’organisation, soit les rassemblements, les cérémonies, les sacrements, etc. Son fonctionnement est similaire à celui de l’Église catholique, avec des fidèles (les communicants) et des officiants. Il existe environ une centaine de lieux de cultes de l’Église universelle et triomphante dans le monde, dont un à Montréal. Les communicants qui désirent pousser plus loin leur engagement doivent poursuivre un programme de la Summit University et effectuer des retraites spirituelles au Royal Teton Ranch pour accéder à des fonctions supérieures au sein de l’Église. Les communicants doivent offrir le dixième de leurs revenus au Summit Lighthouse et le dixième de leur temps pour le service au sein de l’Église.

Les cours en ligne, les grands séminaires, les retraites spirituelles et les autres éléments éducatifs auxquels sont conviés les communicants, les étudiants et autres curieux relèvent de  la Summit University, dont le siège social est également au Royal Teton Ranch. La Summit University possède sa propre maison d’édition, Summit University Press, qui publie principalement les livres écrits par Elizabeth Prophet. Les traductions françaises sont éditées à Montréal par la maison d’édition Lumière d’El Morya.

L’Église universelle et triomphante propose à ses membres une liturgie inspirée de celle de l’Église catholique incluant la communion, la lecture de textes, l’écoute de dictées par les messagers et parfois même l’imposition des mains. Les officiants ont l’autorité pour célébrer des mariages, des baptêmes, des communions, des confirmations, des ordinations et des pénitences, l’extrême onction et l’accompagnement des morts dans le processus d’ascension.

L’Église universelle et triomphante est également reconnue pour son utilisation de « décrets », une forme de prière inspirée du mouvement Nouveau penser auquel était initiée Elizabeth Prophet. Un décret est une affirmation positive faisant appel à l’autorité divine de la présence JE SUIS dans le but de modifier la réalité. Ces affirmations sont chantées, psalmodiées ou récitées comme des mantras. La récitation de décrets est une composante essentielle de chaque rencontre des membres, que ce soit dans le cadre d’une cérémonie ou d’une simple conférence. Les éléments de base concernant la méthode et le pouvoir des décrets sont exposés dans l’ouvrage de référence du couple Prophet Science of the Spoken Word (1965).

Sites Web

http://www.tslcanada.org/
http://www.lepharedusommet.org/index.html

Quelques références

 

Barret, David V. The New Believers : Sects, Cults and Alternative Religions, London, Cassell Illustrated, 2001.

Berchiolli, Rick, « The Church Universal and Triumphant : Some Strategies for Dialogue with Disenchanted Members »,
http://www.irr.org/disengaging-church-universal-and-triumphant

Lewis, James R. and J. Gordon Melton, ed. Church Universal and Triumphant in Scholarly Perspective. A Special Issue of Syzygy: Journal of Alternative Religion and Culture, Standford, Center for Academic Publication, 1994.

Palmer, Susan J. and Michael Abravanel. « Church Universal and Triumphant: Shelter, Succession and Schism ». Dans Lewis, James et Sarah M. Lewis, Sacred Schisms : How Religions Divide, Cambridge University Press, 2009.

Nadia Garnoussi, « The Church Universal and Triumphant. Elizabeth Clare Prophet’s Apocalyptic Movement by Bradley C. Whitsel », Archives de sciences sociales des religions, 51e année, no. 134 (Apr. – Jun., 2006), pp. 290-292.

Whitsel, Bradley C. The Church Universal and Triumphant : Elizabeth Clare Prophet’s Apocalyptic Movement. Syracuse, Syracuse University Press, 2003.