Ministères du Lion de Judah

Les données contenues dans cette fiche ont été recueillies lors d’une enquête de terrain menée dans le cadre d’un projet de recherche GRDU/CEETUM. Les données ont été récoltées par Ruth Altminc, assistante de recherche, au mois d’octobre 2011.

Autres appellations

Congrégation messianique Lion de Judah; Lion of Judah Ministries

Fondateurs

Rabbin Michael Gertsman et son épouse Floryn

Groupe d’inspiration

Judaïsme messianique

Présence

Montréal (quartier Côte-des-Neiges)

Nombre approximatif de membres

50

Description générale

Bref historique du groupe

La congrégation a été fondée en 1998 par le Rabbin Michael Gertsman et son épouse Floryn,  un couple qui se trouve aujourd’hui en Israël. Un rabbin d’origine américaine est, depuis leur départ, le responsable de la congrégation. Ce changement de rabbin, non francophone, a amené plusieurs membres à quitter la congrégation et à essayer d’autres formes de spiritualité. L’une des priorités du nouveau rabbin est de retourner aux traditions juives, car les membres utilisent beaucoup de termes provenant des églises évangéliques (par exemple, le terme pasteur ou ministre est utilisé à la place de rabbin). Il travaille également à augmenter le nombre des membres de la congrégation.

L’expression « Lion de Judah » que l’on retrouve dans le nom du groupe est une référence à la lignée juive. Plus précisément, il s’agit d’un symbole de la « tribu » de Judah (fils de Jacob) et du peuple juif.

Le groupe « Les Ministères du Lion de Judah » est affilié au mouvement messianique juif des États-Unis et au mouvement mondial des juifs messianiques. Il participe aussi à la Messianic Jewish Canada Alliance. À travers ces affiliations, les membres participent parfois à des échanges, des formations ou des conférences.  Le groupe se considère comme sioniste, mais il n’est pas officiellement reconnu par l’État d’Israël.

Structure et organisation 

Le rabbin est la plus haute autorité de la congrégation. Les membres peuvent avoir des discussions personnelles avec lui et il est perçu comme une référence crédible lorsqu’un membre se questionne. Le rabbin joue un rôle important dans la résolution des problèmes et lors de négociations entre familles ou membres de la congrégation. Ces derniers s’occupent de préparer le nécessaire pour la tenue des rituels avant que le rabbin arrive. L’organisation possède un conseil d’administration qui est composé de femmes et d’hommes (environ cinq personnes).

La congrégation partage un espace loué à une église évangélique avec une autre organisation religieuse baptiste. Ils se divisent les journées d’utilisation des lieux et les coûts de location. Le bâtiment, situé dans le quartier Côte-des-Neiges à Montréal, est la propriété d’une église évangélique. De l’extérieur, rien n’indique qu’il s’agit du lieu de culte du groupe. Le bâtiment en question est construit sur trois étages. Sur la façade du dernier étage, il est écrit « Église évangélique ».

Au premier étage, il y a une école de cuisine. Au deuxième étage se trouvent une cuisine et un grand salon. Dans les escaliers, il y a des proverbes et des phrases tirées du Nouveau Testament qui souhaitent la bienvenue aux arrivants. Des croix chrétiennes sont placées dans l’escalier et dans la salle du deuxième étage. Il y a deux panneaux : l’un appartenant à l’église baptiste et l’autre, plus petit, appartenant à la congrégation juive messianique. Le panneau baptiste comporte plusieurs photos d’enfants et invite à s’engager dans diverses activités locales et dans l’aide internationale. Le panneau messianique comporte des citations bibliques et les horaires des activités. Sur cet étage, il y a aussi une petite salle adaptée pour servir de garderie et un petit bureau destiné au rabbin. Un téléphone est mis à la disposition de tous dans la grande salle. Celle-ci possède des chaises empilées et des tables mobiles. Rien dans cet étage n’indique l’existence d’un groupe juif. Il y a deux salles de bain : une pour chaque sexe.

Au troisième étage, il y a l’espace du rituel. Lors des rituels, les hommes et les femmes sont ensemble. Deux salles de bain sont placées de chaque côté de l’entrée. La salle de prière est grande, mais décorée de façon simple et sans luxe. Au milieu de la salle, une petite tente juive (un toit soutenu par 4 piliers) est installée. Une table de cérémonie faite de métal et recouverte d’une nappe est utilisée par le rabbin pour réaliser la cérémonie. À droite se trouvent plusieurs instruments de musique (batterie, guitare, tambourin) alors qu’à gauche sont installés un rétroprojecteur et  un écran blanc. Le décor laisse penser qu’il s’agit d’une organisation relativement pauvre, très éloignée du luxe qui caractérise généralement les synagogues montréalaises.

50% des membres de la congrégation vivent dans le quartier Côte-des-Neiges, alors que 50% habitent dans des villes situées sur la Rive Sud de Montréal. La plupart des membres sont des personnes âgées de 50 à 60 ans. En 2011, on compte seulement cinq enfants. Selon le rabbin, les membres sont surtout issus de la classe ouvrière (working class) et beaucoup d’entre eux sont célibataires. Environ la moitié sont québécois d’origine et l’autre moitié est d’origines diverses (pakistanaise, africaine, française, russe, etc.). La majorité des membres ont été catholiques, puis évangéliques, avant de se convertir au judaïsme.

La congrégation est financée par la dîme des membres (10% du revenu lorsque c’est possible, mais elle est considérée comme un devoir, et des donations qui sont récoltées lors des cultes hebdomadaires.

Les membres se côtoient en dehors du temple, soit dans un cadre non religieux. Ils n’ont généralement pas de relation avec les musulmans, mais ils entretiennent des relations avec d’autres groupes juifs messianiques, ainsi qu’avec certains groupes chrétiens évangéliques (pentecôtistes et baptistes). Malgré tout, le rabbin précise qu’ils ne sont pas acceptés par la communauté juive, ni par une grande partie des organisations chrétiennes.

Convictions fondamentales 

Même s’ils ne comptent pas sur la reconnaissance de la communauté juive de Montréal (et d’ailleurs dans le monde), les membres de la congrégation messianique Lion de Judah sont des juifs qui, en plus, croient que Jésus est le messie annoncé. Ils insistent pour conserver leur identité juive tout en adhérant aux enseignements de Yoshua ou Jésus.

  • La Torah constitue le principal texte sacré du groupe. Ils utilisent aussi l’Ancien et le Nouveau Testament des chrétiens (particulièrement les livres de Matthieu, Marc et Jean).
  • Ils reconnaissent l’existence d’un corps et d’une âme. Les membres ne suivent pas les prescriptions alimentaires juives à l’exception du rabbin et de sa famille.
  • Ils ne croient pas au purgatoire, mais ils croient au ciel (paradis) et à l’enfer.
  • Les hommes et les femmes ont la même valeur. Cependant face à la possibilité qu’une femme soit rabbin, le rabbin mentionne que la communauté se sent plus à l’aise avec un service religieux guidé par des hommes.
  • Le mariage formel est fortement recommandé et le fait d’avoir des enfants (plusieurs, si possible) est considéré comme un signe de respect envers ce que Dieu attend d’eux. L’infidélité est considérée comme un péché.

Cultes et rites officiels 

De façon générale, les rituels des membres de la congrégation adoptent une forme hybride qui tient à la fois des rituels juifs et des rituels évangéliques. Ils utilisent indistinctement la Torah,  l’Ancien et le Nouveau Testament, et passent sans problème de l’un à l’autre.

Les fêtes juives traditionnelles sont célébrées au sein de la communauté, mais jamais les fêtes catholiques. Le  rituel le plus important est le Shabbat et une attention particulière est accordée au Yom Kippour (jour du pardon). Au sein de la congrégation, cette cérémonie comporte autant d’éléments de rituel juif que chrétien (ex. : prière en hébreu, lecture de la Torah, invocation de Jésus et du sang coulé pour purifier l’humanité, utilisation des chants qui ressemblent à ce que font les évangéliques). Le Shabbat a lieu chaque samedi et il se termine par un repas communautaire où chacun apporte un plat à partager. Une école pour enfants (ou École du Shabbat) est prévue pendant le culte. Chaque semaine, il y a également des soirées de prière et des groupes d’étude biblique.

Pour Souccot (la fête des cabanes ou fête des tentes), une fête juive traditionnelle, chaque membre apporte un plat typique de son pays d’origine. Habituellement, la cérémonie se déroule en français, en anglais et en hébreu, mais avec le changement de rabbin, la partie francophone est réalisée par l’intermédiaire d’une femme qui joue le rôle de traductrice.

LogoGRDU      LogoCEETUM_CMYK