Société anthroposophique universelle

Les données contenues dans cette fiche ont été recueillies lors d’une recherche documentaire menée à l’automne 2005 (dernière mise à jour en mars 2014) par David Veilleux, agent de recherche au CROIR.

 Autres appellations

anthroposophie de Rudolf Steiner; écoles Waldorf; pédagogie Rudolf Steiner

Fondateur

Rudolf Steiner (1861-1925)

Groupe d’inspiration

anthroposophique; ésotérique (origine occidentale); chrétienne

Mission

  • Favoriser la santé, la conscience et l’évolution de l’être humain grâce à la connaissance spirituelle.
  • Promouvoir la « science de l’esprit » selon l’enseignement de Rudolf Steiner.
  • Fonder une connaissance du spirituel sur la base de méthodes rigoureuses et à partir d’un état de conscience « supra-éveillé ».
  • Favoriser la liberté et l’intégrité de chaque individu, son intégration à la communauté, son sentiment d’appartenance à l’humanité, à la terre et au cosmos.
  • Mettre à la disposition des membres une documentation (livres et documents de renseignement divers) relative à l’anthroposophie de Rudolf Steiner.

Présence

Mondiale

Description générale

Bref historique

Né le 27 février 1861 à Donji Kraljevec en Croatie, Rudolf Steiner aurait eu ses premières expériences surnaturelles dès l’âge de sept ans. Mais c’est lors de ces études de philosophie à Vienne qu’il entre formellement en contact avec les courants occultes et hermétiques de l’ésotérisme occidental. C’est également à cet époque qu’il rencontre un maître spirituel non identifié qui l’incite à étudier les sciences biologiques matérialistes et à « déguiser » sa compréhension du spirituel sous le couvert de l’idéalisme allemand. Il étudie les sciences naturelles, ce qui l’amène à traduire et à éditer les travaux scientifiques de Johann W. Von Goethe. Il absorbe entre autres la conception de l’urfplanze de Goethe, la « forme originelle de toutes le plantes », un intermédiaire entre la pure contemplation en esprit et les impressions des sens. Il dépasse le point de vue de Goethe, qui ne franchit pas le seuil du spirituel, pour développer ses propres méthodes de recherche des « mondes suprasensibles » ou spirituels.

À partir de ces réflexions, il établit les bases de sa propre théorie de la connaissance selon laquelle l’individu peut accéder, par la pratique de la méditation et le développement des facultés de clairvoyance, à un état supérieur de conscience permettant d’accéder à la vérité essentielle des choses, à l’idée derrière le phénomène. Steiner propose, dans son livre La Philosophie de la Liberté (1894), d’utiliser les méthodes des sciences naturelles comme fondement de ses recherches sur « les mondes spirituels et animiques ».  Il soutient alors que la pensée pure est à même de percer les mystères des mondes suprasensibles.

Il trouve un public intéressé à l’ensemble de ses travaux chez les théosophistes d’Annie Besant et donne sa première conférence à la Librairie théosophique en 1900. Cette conférence sera mise par écrit sous le titre « Le christianisme en tant que fait mystique ». En 1902, Steiner devient secrétaire général de la branche Allemande de la Société théosophique et lance avec son épouse Marie Von Sivers le périodique Luzifer-Gnosis. Il publie les ouvrages Théosophie et L’initiation ou comment acquérir la connaissance des mondes supérieurs en 1904, et Science de l’occulte en 1910. Steiner écrira au total près d’une quarantaine d’ouvrages, sans compter les milliers de recueils comprenant les transcriptions de ses conférences portant sur des sujets aussi divers que le Christ et le mystère du Golgotha (la crucifixion), l’art, les mystères antiques, la théorie de la connaissance de Goethe et sa théorie des couleurs, la pédagogie, l’organisation spirituelle de l’humain, la réincarnation et le karma, les hiérarchies spirituelles, le passé, le présent et le futur de l’humanité, la cosmologie, la philosophie, les religions, le pythagorisme, l’aristotélisme, le platonisme, la gnose, le manichéisme, la franc-maçonnerie, les templiers, Christian Rosenkreutz et les rosicruciens, l’alchimie, la déesse, le Graal, le courant arthurien, les mythes et légendes grecques et germaniques, etc.

Son savoir semble encyclopédique et sa démarche se fonde sur une conception de la science en tant que fondement de tout cheminement vers la connaissance spirituelle. Il a définitivement foi en la science, mais lutte contre la vision déterministe des matérialistes et la vision fataliste et figée dans le passé de la théosophie.

Le développement de l’anthroposophie de Steiner suit quatre phases :

  1. la période 1902-1909 voit la consolidation de l’anthroposophie comme « science de l’esprit » se justifiant devant la science conventionnelle de l’époque. C’est à cette époque que Steiner élabore sa pensée;
  2. la période 1910-1913 voit la construction du Goetheanum à Dornach en Suisse, qui deviendra le centre culturel de la Société anthroposophique (comprenant entre autres un théâtre et une salle de conférence). C’est à cette époque que Steiner prend ses distances avec la Société de théosophie et que l’anthroposophie acquiert son indépendance (la tentative d’Annie Besant, alors directrice de la branche orientale de la Société  de théosophie, de faire passer Krishnamurti pour la réincarnation du Christ aura été la goutte qui a fait déborder le vase et qui déclencha le processus de séparation);
  3. La période 1919-1923 constitue l’établissement du mouvement et de ses institutions officielles axées sur les applications pratiques de l’anthroposophie, dans le but de « spiritualiser » la pensée scientifique. Le Goetheanum devient le centre officiel, l’École supérieure des sciences de l’esprit. C’est également à cette époque qu’est fondé l’Institut pour la triarticulation sociale (qui fait la promotion de la séparation, de l’autonomisation et de l’intégration des trois sphères d’activité sociales : le spirituel-culturel, le politique et l’économique). En 1919, Steiner fonde un réseau d’écoles suivant la pédagogie Waldorf qu’il a lui-même mise en place (du nom de la première école qui était destinée aux enfants d’ouvriers de l’usine de cigarettes Waldorf-Astoria).
  4. À partir de 1924, c’est la consolidation de la Société anthroposophique comme mouvement mondial.

Convictions fondamentales des membres

Le monde matériel est une manifestation visible du spirituel qui lui est antérieur. Le but de toute la création est le développement du « Moi » humain. L’humain était spirituellement présent à tous les stades de la création, mais à des niveaux de conscience inférieurs, à l’état de veille. Le corps physique a commencé son développement dans une incarnation antérieure de la terre nommée « Ancien Saturne », un corps céleste fait de pure chaleur. Le corps éthérique, que l’être humain partage avec les végétaux, tire son origine de la phase subséquente, aérienne : l’« Ancien Soleil ». Le corps astral, fait d’émotions, de sensibilité et de rêve, que l’humain partage avec les animaux, s’est développé sur l’« Ancienne Lune », l’état fluidique qui constitue le stade immédiatement antérieur à la « Terre minérale » actuelle.

C’est seulement dans la terre minéralisée, au plus bas de la descente dans la matière, que l’humain a pu développer un Moi, conscient d’être un Moi séparé des autres. Les incarnations successives (réincarnations) ont eu un commencement (la Chute, le péché originel) et auront une fin. Dans le futur, l’homme atteindra le stade de « Jupiter », qui correspond à la Nouvelle Jérusalem des chrétiens. Le moment crucial de la fermeture de l’Abîme de la Bête, marqué par le 666, aura lieu dans une phase subséquente, celle de « Vénus ». Enfin, dans le stade final de Vulcain, l’homme sera devenu un dieu créateur et sera devenu la dixième hiérarchie céleste, celle de la liberté et de l’amour, à la suite des neuf hiérarchies angéliques traditionnelles (inspiré de Denys l’Aréopagite).

Structure et organisation

Le centre mondial de la Société anthroposophique universelle est situé au Goetheanum, à Dornach, en Suisse. À partir de l’École supérieure des sciences de l’esprit du Goetheanum sont diffusés les ouvrages des presses anthroposophiques. Différentes branches émergent du tronc commun de la Société anthroposophique : médecine, pédagogie, formation des enseignants, agriculture biodynamique, travail curatif, magazines, maisons d’édition, institut pour la triarticulation, banques, etc. Les différentes institutions anthroposophiques sont décentralisées mais demeurent sous l’égide de la Société anthroposophique universelle, située dans le Goetheanum.  Steiner insistait beaucoup sur l’auto-administration de ces institutions.

Les écoles Waldorf

En 1919, Rudolf Steiner fut sollicité par Emil Molt, le directeur de l’usine de cigarettes Waldorf-Astoria de Stuttgart en Allemagne, afin de créer une école pour les enfants des ouvriers de cette usine. Plus de 80 ans après la fondation de la première école Waldorf à Stuttgart en 1919, il existe actuellement près de 800 écoles Waldorf, 2 000 jardins d’enfants Waldorf, de nombreux instituts de formation pédagogique et des centaines de centres de pédagogie curative qui dispensent à des milliers d’enfants, dans plus de 50 pays, un enseignement fondé sur la pédagogie Waldorf.

L’Association des écoles Waldorf d’Amérique du Nord (AWSNA) regroupe une centaine d’écoles ainsi qu’une centaine de jardins d’enfants. On compte deux écoles au Québec, soit une à Montréal et une autre dans la région de Sherbrooke. Une dizaine de jardins d’enfants ont été implantés dans diverses régions du Québec. Au Québec, les écoles ont un permis du Ministère de l’Éducation ou sont associées à une commission scolaire. Elles sont également membres de l’Association des écoles Waldorf d’Amérique du Nord. Chacune est autogérée par les enseignants et les parents.

La mission des écoles Waldorf et de la pédagogie Steiner en général se décrit comme suit :

  • Non pas inculquer une certaine conception du monde ni enseigner l’anthroposophie, mais cultiver le sens de la liberté et de la responsabilité.
  • « Former des individus capables, en eux-mêmes et par eux-mêmes, de donner un sens à leur vie, des individus libres ».
  • Éduquer l’enfant tout entier « tête, cÅ“ur et mains » à partir d’une compréhension ésotérique de l’être humain en développement.
  • Équilibrer les matières purement académiques avec les enseignements artistiques et les activités pratiques.
  • Éveiller chez l’enfant ses facultés cachées, l’aider à développer des talents, d’une façon adaptée à son âge et en respectant les rythmes de son développement.

Sites Web

http://www.goetheanum.org/Societe-anthroposophique-universelle.336.0.html?&L=2%20
http://www.anthroposophy.ca
http://www.ersm.org/

Quelques références

Ariès, Paul. Anthroposophie : enquête sur un pouvoir occulte. Paris, Éditions Golias, 2001.

Diertelé, Nicolas. « La spiritualité du mois : l’anthroposophie. Un chemin de connaissance ». Actualité des Religions, no. 18 (2000).

Hildesheimer, Françoise. « Rudolf Steiner : un gourou entre science et foi ». Notre Histoire, numéro 2263 (sept. 1988), p. 6-11.

Müller, Denis. Réincarnation et foi chrétienne (chapitre « L’anthroposophie de Rudolf Steiner et son approche de la réincarnation, p. 53-63). Paris, Labor et Fides, 1993.

Melton, J. Gordon. « Anthroposophical Society ». Melton’s Encyclopedia of American Religions, 8e édition. Detroit, Gale, Cengage Learning, 2009.

Melton, J. Gordon. « Steiner, Rudolf ». New Age Encyclopedia. Detroit, Gale Research Inc., 1990, p. 292-293.