La « spiritualité » désigne l’ensemble des pratiques et des croyances qui se rapportent à la vie spirituelle, le mot « spirituelle » référant tantôt à la vie de l’esprit tantôt à celle de l’âme. S’il est vrai qu’en contexte chrétien le spirituel et la spiritualité renvoient immédiatement au rôle de l’Esprit Saint dans la vie individuelle (et aux dons de l’Esprit), en contexte hindou par exemple, le même terme a fini par s’appliquer au principe spirituel (âtman, purusha, etc.) qui doit être libéré de l’océan des renaissances et à tout ce qui favorise cette libération.
L’interprétation que l’on donne de la notion de spiritualité varie d’un contexte à un autre. Et cela d’autant plus que ce terme a fini par se généraliser à tout ce qui concerne la découverte et la culture de l’esprit humain (ou de l’âme humaine) et à être utilisé sans aucune référence à une quelconque transcendance. Le mot a d’ailleurs récemment fait fortune parce qu’on y a vu une habile façon de s’éloigner des Églises et des gourous de tout acabit et de se rapprocher de ce dieu intérieur censé résider en chacun des humains. Selon cette interprétation, nous serions en train de passer de l’ère des Poissons caractérisée par des institutions qui briment la liberté de choix, imposent des croyances toutes faites et écrasent les initiatives individuelles, à l’ère du Verseau, un contexte nouveau qui invite les individus à se prendre en main et à découvrir leur véritable nature spirituelle. Quand les gens disent avoir troqué la religion pour la spiritualité, c’est que la religion est devenue pour eux synonyme d’acceptation de dogmes extérieurs, de soumission à des prêtres, tandis que la spiritualité correspond à une recherche personnelle et libre, à une quête d’harmonie avec soi-même et avec la nature environnante.
C’est pour tenir compte de cette mutation dans le vocabulaire courant que j’utilise volontiers l’expression de « spiritualités contemporaines » (au pluriel), une façon de désigner globalement des quêtes spirituelles très diversifiées, qui paraissent s’accorder sur l’urgence de libérer l’être humain des carcans imposés par les institutions religieuses et de revaloriser le « moi » créateur, une instance intérieure à l’être humain haussée au rang d’absolu.
On trouve dans ces spiritualités des croyances (comme la réincarnation, les anges) qui se présentent comme de grandes lois naturelles ou encore comme des évidences scientifiques, de même que des rites choisis individuellement par l’individu qui cherche à structurer sa quête de sens et à baliser sa vie. L’actrice Shirley MacLaine s’est faite le porte-parole de cette sorte de nouvelle religion faite de « spiritualités individualisées » quand elle rappelait l’ultime message d’une entité du nom de Ramtha : « En fait, il me faudrait un livre tout entier pour parler des enseignements de Ramtha. Toutefois, quelle que soit la somme d’informations que j’ai obtenues de lui, il n’a cessé de me répéter que moi, je détenais déjà toutes les réponses. Je ne devais dépendre ni de lui, ni d’aucun autre guide spirituel, pour obtenir des réponses : je devais être mon propre guide. Je devais apprendre à me fier à moi-même, à ne compter que sur moi-même. La “chasse au gourou” pouvait être amusante pendant un temps, mais elle ne faisait que regarder ma propre vérité » (Danser dans la lumière, p. 117).