Nous présentons ici quelques exemples de questions qui ont été posées au CROIR au cours des dernières années en les modifiant suffisamment pour les rendre anonymes. Ces exemples donnent une bonne idée des recherches qui se font actuellement au centre et du type de questions auxquels nous pouvons répondre. Si vous avez des interrogations sur un groupe religieux particulier ou sur un phénomène d’innovation religieuse, n’hésitez pas à communiquer avec l’un de nos agents d’information.
Demande reçue par courriel :
Bonjour,
Je souhaiterais connaître le nombre approximatif de « nouveaux mouvements religieux » et/ou de « sectes » au Canada et au Québec.
Merci beaucoup!
Une enseignante au secondaire en ÉCR.
Réponse de l’agent du CROIR :
Bonjour.
Il n’y a pas actuellement de répertoire ou d’outil permettant à coup sûr de déterminer le nombre de nouveaux mouvements religieux ou de sectes, au Québec ou au Canada. La principale raison est que les spécialistes de la question ne s’entendent pas sur une définition claire de ce qui entre dans la catégorie « nouveau mouvement religieux » ou « secte ». Il faut ajouter qu’il s’agit d’un phénomène qui est en constant mouvement; de nouveaux groupes se font et se défont, probablement sur une base hebdomadaire. Si ces groupes ne font pas l’objet d’attention de la part des grands médias, ou ne comprennent que très peu d’adeptes, il est difficile d’être seulement au courant de leur existence. Certains groupes se forment et disparaissent sans que les spécialistes de ces questions n’aient pu les repérer.
Il est vrai que sur le site web suivant : http://www.thecanadianencyclopedia.com, on reprend le chiffre de 300 fourni par Richard Bergeron (Le cortège des fous de Dieu, Édition Paulines, 1982). Mais pour les raisons que je viens de vous indiquer, il faut prendre ce nombre avec un gros grain de sel.
La référence que nous utilisons habituellement dans nos recherches est The Encyclopedia of American Religion, de J. Gordon Melton (Thomson /Gale, 8e édition, 2009). C’est l’ouvrage le plus complet sur tous les groupes religieux en Amérique du Nord, qu’ils soient « sectaires » ou issus des grandes traditions religieuses. Il ne fait cependant pas de distinctions claires entre les régions. L’ouvrage contient 2630 articles, donc 2630 groupes différents (encore une fois, cela comprend les groupes issus des grandes religions), ce qui donne une idée de la diversité du phénomène.
En dehors de l’ouvrage de Bergeron, il n’y a qu’un ouvrage qui a répertorié les principaux groupes ou mouvements au Québec, mais il date de plusieurs années et ne recense pas tous les groupes. Sans être complètement désuet, l’information qui s’y trouve est parfois dépassée:
Nouvel âge… Nouvelles croyances. Répertoire de 25 nouveaux groupes religieux / spirituels, CINR, Édition Paulines, 1989.
Demande reçue par téléphone
M. _________ appelle au CROIR. Il travaille dans un collège secondaire de la région de Québec. Il organise une activité sur les grandes religions et veut entrer en contact avec des représentants de la région de Québec. Je prends son adresse courriel en note et lui dit que je lui enverrai une liste dans les prochains jours.
Réponse de l’agent du CROIR
Comme convenu, je lui transmets par courriel une liste de coordonnées des principaux organismes religieux non-chrétiens de la région de Québec : communauté juive de Québec Beth Israel Ohev Sholom; Centre culturel islamique de Québec; Centre Paramita de Québec (bouddhisme tibétain); Centre bouddhiste Toushita (bouddhisme tibétain); Pagode Bô Dê (bouddhisme vietnamien); Pratique zen Deshimaru (bouddhisme japonais).
Demande reçue par courriel :
Bonjour!
Je me présente:_________, 15 ans, en secondaire 4, étudiant au secondaire au Québec. Je dois faire une recherche sur l’Église adventiste du 7e jour et j’aurais besoin de plus amples informations sur ce groupement religieux. Entre autres, je voudrais savoir quelles sont les différences distinctes entre le catholicisme et les adventistes du 7e Jour. Je voudrais aussi savoir si cette religion porte un autre nom et comment sont nommés ses pratiquants, comme nous, par exemple, nous nous appelons les chrétiens catholiques.
Merci beaucoup et au plaisir d’avoir de vos nouvelles bientôt,
Réponse de l’agent du CROIR :
Bonjour,
Pour répondre à tes interrogations, tu trouveras sur Internet plusieurs sites qui décrivent bien l’Église Adventiste du 7e jour. J’imagine que tu as déjà consulté la fiche signalétique du CROIR.
Tu peux aussi consulter le site de la Défense Nationale du Canada. Ils ont construit un répertoire des grandes religions au Canada avec des informations très pertinentes. Voici le lien :
http://www.cmp-cpm.forces.gc.ca/pub/rc/rel/sdac-easj-fra.asp
Je te conseille également de visiter le site de la Fédération du Québec de l’Église Adventiste du 7e jour. Tu y trouveras des informations intéressantes sur l’histoire et la doctrine ainsi que des coordonnées si tu veux communiquer avec quelqu’un de l’Église :
http://www.sdaqc.org/
Si tu lis l’anglais, je te recommande finalement le site Religious Mouvement Home Page, qui a également une fiche signalétique sur l’Église adventiste :
http://web.archive.org/web/20060902232910/http://religiousmovements.lib.virginia.edu/profiles/listalpha.htm#a
Avec ces quelques références, tu auras les grandes lignes de l’histoire de l’Église adventiste, ses principales croyances et ses pratiques habituelles. Pour ce qui est de la différence entre les adventistes et les catholiques, il y aurait beaucoup de choses à dire. Je te laisse faire ta recherche à partir des références que je t’ai données. Cependant, il faut toujours avoir en tête la différence fondamentale : l’Église adventiste du 7e Jour s’inscrit dans la lignée protestante du christianisme, c’est-à-dire la lignée qui vient du schisme provoqué par Martin Luther en 1521 en réaction aux agissements de l’Église catholique à cette époque. Luther considérait que l’Église catholique s’éloignait trop des enseignements fondamentaux de la Bible.
Cette lignée protestante s’est développée en Europe et aux États-Unis à travers différentes congrégations (luthérienne, baptiste, anglicane, évangélique, presbytérienne, etc.; les Adventistes se réclament principalement de la branche baptiste). Ces groupes protestants ne reconnaissent donc pas l’autorité de l’Église catholique (le Vatican). Ils n’ont pas de Pape, d’évêques ou de prêtres (sauf l’Église anglicane qui a son propre clergé). Ils ont des pasteurs, qui ne sont pas prêtres, mais qui dirigent les communautés.
Autre distinction fondamentale : leurs croyances et pratiques sont exclusivement basées sur les enseignements de la BIBLE et sur la foi en JÉSUS-CHRIST. Les catholiques fondent leurs croyances et pratiques sur ces deux éléments également, mais ajoutent à cela les enseignements de la TRADITION, c’est-à-dire les enseignements de l’institution que forme l’Église (enseignement des théologiens, croyance aux saints, ce que les protestants rejettent, les encycliques qui sont des textes écrits par les Papes, etc.). Pour les protestants, l’autorité religieuse ne peut venir des êtres humains, elle ne provient que de la Bible (Ancien et Nouveau Testaments) qu’ils considèrent comme la parole directe de Dieu (ce qui n’est pas aussi clair chez les catholiques) et une acceptation inconditionnelle que Jésus-Christ est le sauveur du monde et qu’il reviendra un jour sur la terre (ce dernier point est central dans la doctrine des adventistes).
Finalement, les protestants en général ont éliminé la plupart des sacrements de l’Église catholique, sauf le baptême et le mariage. Il n’y a pas de sacrement du pardon, d’onction des malades et, bien entendu, de sacrement d’ordination, puisqu’il n’y a pas de prêtres. D’un autre côté, les adventistes respectent le Shabbat, le jour de repos (tu trouveras des informations sur le Shabbat dans les références que je t’ai données).
Voilà, je crois qu’avec ces quelques informations, tu peux te débrouiller pour faire un travail convenable. Si tu as des questions supplémentaires plus précises, ou s’il y a des choses que tu comprends moins bien lors de tes lectures, n’hésite pas à recommuniquer avec moi. Il me fera plaisir de te donner un coup de main.
Demande reçue par téléphone :
Nous avons reçu un message sur la boîte téléphonique de la part d’un homme qui recherche de l’information sur le yoga.
Il rappelle plus tard et m’explique qu’il est un parent et siège sur un conseil de l’école de son enfant dans une ville des environs. Il m’indique qu’il recherche de l’information concernant le yoga, car l’école a commencé à offrir des cours aux élèves partant de la maternelle jusqu’au secondaire. Je l’informe de l’existence de plusieurs traditions : il doit savoir qui donne le cours et à quelle tradition de yoga cette personne appartient. Je l’informe également qu’au Québec, les cours de yoga touchent généralement l’aspect physique (techniques de respirations, postures, concentration, etc.), et très peu le côté spirituel. Je lui signale que je peux vérifier avec l’un de nos spécialistes des pratiques hindous et que je pourrai lui envoyer de l’information supplémentaire par courriel. Il est d’accord et me donne son courriel.
Réponse de l’agent du CROIR :
Bonjour,
Suite à notre conversation téléphonique, j’ai discuté avec notre expert sur l’hindouisme à l’Université Laval, M. André Couture, membre de notre comité scientifique. Voici ce qu’il dit sur le sujet :
Premièrement, il serait bon de savoir si la personne qui donne le cours est reconnue par la Fédération Francophone de Yoga, l’Institut International de Yoga ou la Fédération de Yoga International.
Deuxièmement, comme je l’ai mentionné et confirmé par M. Couture, la plupart des pratiques de yoga que l’on retrouve dans le monde occidental et au Québec se concentrent principalement sur l’aspect physique de la pratique et beaucoup moins sur son aspect spirituel, comme c’est plus fréquent de le voir en Inde. La posture, la respiration et l’aide à la concentration sont les aspects privilégiés de la pratique. Les références aux aspects spirituels sont peu ou pas mentionnées. Cela dépend encore une fois de la personne qui donne le cours. Il n’y a pas, par exemple, de posture assise face à une statue en chantant des mantras. Il se peut qu’à des niveaux plus poussés de la pratique, on incorpore à la pratique le son « Om » mais il est très improbable que cela soit enseigné à des jeunes.
Troisièmement, il y a des écoles primaires à Montréal, Québec et en Estrie qui ont commencé à donner des cours de yoga aux enfants, mais centrés uniquement sur les aspects physiques (postures, respiration, flexibilité, concentration, détente, etc.). À ma connaissance, les aspects philosophiques ou spirituels ne semblent pas être présents dans ces cas particuliers.
C’est seulement après avoir parlé avec la personne qui donne le cours, obtenu d’elle l’information pertinente et comparer cette information avec celle que je viens de mentionner que vous pourrez évaluer si ce cours s’adresse ou non à vos enfants.
Demande reçue par courriel :
Bonjour,
Dans le cadre de mes études pour devenir bibliothécaire-documentaliste, je dois effectuer une recherche documentaire concernant les Amish du vieil ordre. Je dispose de plusieurs livres et articles mais peut-être pourriez-vous me diriger vers d’autres moins disponibles. Je suis notamment à la recherche de sites très pertinents les concernant.
Dans l’attente d’une réponse, je vous présente mes sincères salutations.
Réponse de l’agent du CROIR :
Bonjour,
Quelques renseignements sur les Old Order Amish :
D’abord, étant un groupe qui « s’exclut » volontairement de la société (ils vivent le plus possible en autarcie), il n’existe pas énormément de littérature destinée au « monde extérieur » : en fait, la plupart du temps, les publications sont destinées uniquement aux membres (ex. : Pathway Publishers pour le Canada : http://www.anabaptists.org/places/pathway.html), et ce sont surtout des ouvrages religieux.
Ce n’est pas non plus un groupe qui évangélise ou qui prêche; ils ne cherchent pas à convertir les individus qui vivent hors de leur communauté. On note donc une absence de documents ayant un objectif prosélyte.
Ce sont surtout les « autres » qui écrivent à propos d’eux, ou d’anciens Amish par exemple. Aux États-Unis, John A. Hostetler (décédé en 2001) est né dans une communauté amish, mais dans laquelle il a choisi de ne pas se faire baptiser; il a écrit plusieurs livres sur les Amish. Mais le grand spécialiste américain pour les Old Order Amish est sans contredit Donald Kraybill, qu’il faut lire absolument.
Tous les groupes amish ne composent pas avec la modernité de la même façon. Toutefois, les Old Order représentent généralement le groupe le plus conservateur, donc ils ne produisent eux-mêmes de sites Internet ni pour parler de leur religion, ni pour faire la publicité de leurs compagnies lorsqu’ils en ont. Par contre, il arrive parfois que certains demandent l’aide d’individus hors de leur communauté pour créer et gérer des sites Internet. Pour le Canada, le site de GAMEO (Global Anabaptist Mennonite Encyclopedia Online http://www.gameo.org/) est très riche d’informations sur les Amish du Vieil Ordre, en plus de fournir une bibliographie pour chaque article.
Demande reçue par courriel :
Je me permets de venir vous demander des éclaircissements au sujet de ce que l’Église permet, enseigne ou recommande par rapport aux visions ou révélations et aux écrits de Maria Valtorta, ainsi qu’aux apparitions de Medjugorie.
Je vous remercie, car je me sens bien « fatiguée » et « tiraillée » d’entendre n’importe quoi là-dessus.
Réponse de l’agent du CROIR :
Bonjour,
Le principal livre de Maria Valtora, L’Évangile tel qu’il me fut révélé, a été mis à l’index en 1959 ou 1960 par le Vatican, mais il n’y a plus de livre « mis à l’index » depuis plusieurs années maintenant. Aujourd’hui, c’est la Congrégation de la Doctrine de la Foi qui fait office de « chien de garde » de la foi catholique et, à ma connaissance, il n’y a eu aucun jugement ou énoncé par rapport aux écrits de Maria Valtorta. Quoi qu’il en soit, on peut dire que la position de l’Église à ce sujet a toujours été constante, et même lorsque l’ouvrage se trouvait à l’index : on ne rejette pas les écrits de Maria Valtorta en tant que tels, ou le contenu de son enseignement; l’Église rejette seulement la prétention que ces écrits puissent être issus d’une révélation divine. Pour l’Église, L’Évangile tel qu’il m’a été révélé n’est pas en contradiction avec l’enseignement des Évangiles canoniques mais ne peut être considéré sur un pied d’égalité avec eux, n’étant pas « inspiré par le Saint-Esprit ».
Pour ce qui est des apparitions de Medjugorje, l’Église a longtemps réfléchi à ces phénomènes. À ma connaissance, la position officielle actuellement est qu’il n’y a pas d’évidence que ces phénomènes soient d’origine surnaturelle ou divine. Cependant, l’Église garde toujours une porte ouverte pour des enquêtes ultérieures. La stratégie employée par l’Église en est une qu’on pourrait qualifiée d’ambivalence assumée. On ne confirme pas l’authenticité de ces phénomènes, mais on ne les condamne pas officiellement non plus, rejetant ainsi sur le dos des croyants la responsabilité du choix de croire ou non. Vous pouvez aller consulter ce petit texte qui relate les différents processus d’enquête que l’Église a effectué depuis les années 1980 à ce sujet. La source me semble crédible et je crois que vous y trouverez les informations que vous cherchez : http://catholique-lepuy.cef.fr/evek/documents/marie-medjugor.pdf.
Demande reçue par courriel :
Bonjour,
Je me demandais ??? Selon certaines croyances, il y aurait des prêtres qui exercent l’exorcisme au Québec…… Alors, est-ce qu’il y aurait un rapport entre les sectes sataniques et les personnes possédées ??? Pouvons-nous valider ceci auprès des prêtres qui pratiquent ce genre de travail ???
Merci
Réponse de l’agent du CROIR :
Bonjour,
En effet, il existe encore actuellement des prêtres au Québec qui pratiquent l’exorcisme. Un professeur de sociologie m’a dit qu’il avait assisté à un rituel de ce genre il y a quelques années à peine à Québec. Par contre, il ne faut pas voir de rapports concrets entre la possession, telle que définie dans le christianisme, et le satanisme ou les groupes sataniques, tout simplement parce que les satanistes ne croient pas plus au diable qu’ils ne croient en Dieu. En effet, la plupart des satanistes s’inspirent des écrits d’Anton Szandor LaVey dans les années 1960 et 1970. Dans la philosophie de ces groupes, Satan est une image, une représentation des forces de la nature et de la liberté de chaque individu de penser, de rechercher le savoir et d’agir par lui-même. Pour les satanistes, sauf quelques exceptions, toute religion, toute croyance, dogme ou culte à une entité divine ou satanique est un asservissement dont il faut se libérer.
Satan n’est donc pas une entité à vénérer mais bien une représentation montrant que l’être humain est son propre dieu et qu’il est entièrement responsable de ses actes. À partir de là, chaque sataniste, chaque groupe, a évidemment ses spécificités philosophiques et morales mais les notions de liberté individuelle et de non-croyance restent au cœur de chaque sataniste. L’idée que Satan ou une autre entité puisse entrer dans le corps d’un être humain ne fait généralement pas partie des croyances des satanistes. Il s’agit d’une croyance typiquement chrétienne.
Le problème est que l’idée qu’on se fait des groupes satanistes provient généralement des groupes anti-sectes, de certains groupes catholiques et des mouvements de protection de l’enfance et de la famille qui ont milité dans les années 1980, surtout aux États-Unis et en France. C’est à partir de ces organisations que s’est transmise l’idée de groupes soi-disant « satanistes » qui commettent des crimes au nom du diable (enlèvements d’enfants, abus sexuels, meurtres, « messes noires », etc.). Cependant, la grande majorité de ces allégations se sont avérées non fondées et n’étaient souvent que le fruit d’une hystérie collective.
J’espère que cela répond à votre question. Il y a malheureusement peu de documentation sur la question du satanisme, en particulier au Québec. La documentation la plus abondante se trouve généralement sur internet, sur des forums dédiés au satanisme. Mais si vous vous débrouillez en anglais, je vous conseille le site Religious Movements Project, de l’Université de Virginie. Ils ont une fiche signalétique sur le satanisme qui est intéressante :
http://web.archive.org/web/20060902232619/religiousmovements.lib.virginia.edu/nrms/satanism/churchof.html.
Demande reçue par courriel :
Bonjour!
Je suis étudiante au baccalauréat en théologie à l’Université de Montréal et je fais présentement un cours sur les spiritualités africaines et créoles.
Je cherche de l’information sur le vaudou à savoir si c’est une religion et pourquoi?
Merci à l’avance!
Réponse de l’agent du CROIR :
Bonjour,
La plupart des spécialistes en science des religions s’entendent pour considérer le vaudou comme une tradition religieuse. Le vaudou est souvent mis dans la catégorie « religion populaire », c’est-à-dire une catégorie un peu fourre-tout qui désigne généralement des traditions religieuses rattachées à une ethnie ou à une culture particulière, généralement sans grande structure institutionnelle, et qui relèvent souvent d’une sorte de syncrétisme de plusieurs traditions. Dans le cas du vaudou haïtien par exemple, on voit les influences de diverses traditions africaines, de la tradition catholique, additionné de rituels à saveur magique.
Karen MaCarthy Brown a écrit un article intéressant sur le vaudoo haïten dans l’Encyclopedia of Religion de Mircea Eliade (MacMillan Publishing, 1987).
Gordon Melton, dans son Encyclopedia of American Religion (Thomson – Gale, 7e édition, 2003) place le vaudou dans la famille « Magie » aux côtés de la sorcellerie, du néo-paganisme et du satanisme.
Également, il y a quelques articles intéressants dans l’Encyclopédie des religions de Frédéric Lenoir et Ysé Tardan-Masquelier (Bayard, 2000) sur la religion traditionnelle en Afrique (dont un article spécifique sur le vaudou au Bénin) qui pourront vous intéresser.
Je vous conseille finalement Encyclopedia of Religious Practices de Thomas Riggs (Tomson-Gale, 2006) qui a séparé ses articles par pays. Vous y trouverez également des choses intéressantes.
Évidemment, il faut d’abord avoir une vision précise de ce qu’on entend par « religion ». Les sciences des religions ont souvent une définition très large (et souvent très floue malheureusement) de ce qu’est une religion. On préfère parfois parler de « phénomènes religieux » pour contourner cette difficulté à définir la religion. Mais encore une fois, la plupart des spécialistes n’ont aucun problème à qualifier le vaudou de « religion ». Je ne suis pas un spécialiste des religions africaines, mais à ma connaissance, le mot africain « vodu » veut dire « esprit » ou « dieu » ou alors « intermédiaire entre les dieux et les êtres humains ». Cela donne déjà une bonne indication, mais encore ici, tout dépend de la définition qu’on donne au mot « religion ».
J’espère que cela répond à votre question. N’hésitez à me recontacter si vous avez besoins d’informations supplémentaires ou si vous avez d’autres questions plus précises. Je vous souhaite bonne chance dans votre recherche.
Demande reçue par courriel :
Bonjour, mon nom est _________, je suis un élève de cinquième secondaire et je fais une recherche détaillée de 10 pages sur le bahaïsme dans le cadre de mon cours d’éthique. J’ai fait maintes recherches et j’ai trouvé une grande quantité d’information. Cependant, j’ai encore plusieurs questions qui restent sans réponse malgré mes recherches.
D’abord, ont-ils un leader actuel?
Ensuite, je me demandais comment se définit le salut selon eux?
Puis, je me demandais quelle est le point de vue de la religion baha’i face à la science et au système scolaire?
Et pour finir, je voudrais avoir plus d’information sur les enfants, par exemple quelle vision du monde est transmise par la religion, à quelle activité religieuse les enfants participent-ils et quels sont les interdits qui s’appliquent à eux?
Merci de bien vouloir me répondre le plus rapidement possible
Réponse de l’agent du CROIR :
Bonjour,
Je vais tenter de répondre du mieux que je peux à tes questions. J’ai puisé la plupart de mes réponses dans un document intitulé Panorama des religions au Québec et au Canada, publié aux éditions Novalis en 2008.
« D’abord, ont-ils un leader actuel? »
Il n’y a pas de leader attitré depuis 1957, tout comme il n’y a pas de clergé dans la foi baha’i. La conduite des affaires de la communauté revient à des conseils librement élus, localement, nationalement et internationalement. Au niveau local, on appelle ces conseils des Assemblées de Justice. Au niveau international, on retrouve la Maison internationale de justice, située à Haïfa, en Israël dont les neuf membres, élus pour cinq ans, constituent l’autorité législative suprême de la foi baha’i. Cette structure a été mise en place par Baha’u’llah (voir le site http://info.bahai.org/french/uhj.html).
« Ensuite, je me demandais comment se définit le salut selon eux? »
Leur définition du salut semble assez floue. La foi baha’i postule que l’âme humaine est immortelle et que le séjour sur Terre n’est qu’un passage, une phase préparatoire vers une autre existence, vers une vie dans l’au-delà assez mal définie. Sur terre, l’objectif de la foi baha’i est de conduire l’humanité à sa maturité spirituelle et morale, dont l’aboutissement sera la paix universelle. Cela se fera par la reconnaissance de l’unité fondamentale de tous les êtres humains. L’âme humaine apparaît à la naissance et elle continue à vivre après la mort du corps. Il n’y a pas de réincarnation, mais l’âme entre dans une forme d’existence non matérielle appelée le « royaume Abha ». Dans ce royaume, l’âme progresse jusqu’à atteindre Dieu (source : Encyclopedia of New Religious Movements, Peter. B. Clarke, ed., Routledge, 2008).
« Puis je me demandais quelle est le point de vue de la religion baha’i face à la science et au système scolaire? »
Voici ce qui est écrit dans le document Panorama des religions:
« Selon les enseignements baha’is, la religion et la science sont les deux forces les plus puissantes pour le progrès humain et il ne peut y avoir de contradiction entre leurs vérités essentielles. Les deux doivent aller de pairs. La religion ignorant ou rejetant la science ne serait que superstition, tandis que la science faisant abstraction de la religion sombrerait dans le matérialisme. L’éthique ne peut se fonder que sur une délicate harmonie entre les vérités spirituelles et scientifiques. »
« Et pour finir, je voudrais avoir plus d’information sur les enfants, par exemple quelle vision du monde est transmise par la religion, à quelle activité religieuse les enfants participent-ils et quels sont les interdits qui s’appliquent à eux? »
La transmission de la religion et de la vision du monde baha’i est d’abord de la responsabilité des parents et de la communauté baha’i locale. Cependant, on ne naît pas baha’i et la religion n’est pas automatiquement transmise. Idéalement, elle doit faire l’objet d’un choix délibéré de la personne dès l’âge de 15 ans, l’âge de la maturité religieuse pour les baha’is, et après avoir fait des recherches personnelles extérieures à la communauté. Il n’y a pas de rite pour cela.
On insiste sur l’importance d’une éducation spirituelle pour l’épanouissement de l’enfant. Il ne semble pas y avoir d’interdictions formelles pour les enfants, avant l’âge de 15 ans. C’est à ce moment que commencent à s’appliquer les prescriptions et interdits de la communauté baha’i en général. À l’âge de 21 ans, l’adepte peut participer aux élections et est éligible pour siéger sur les conseils.
Demande reçue par courriel :
Bonjour
J’ai un fils, maintenant 38 ans, qui est en constante recherche de spiritualité, sans doute afin de combler un profond vide émotif avec sa mère. Il s’accroche actuellement à la Fondation Telos qui s’apparente, je pense, aux Raéliens. Avez-vous plus d’informations sur ce soi-disant « groupe de réflexion spirituelle » ?
Merci
Réponse de l’agent du CROIR :
La Fondation Telos est un groupe qui a pour objectif la transmission des écrits d’Aurélia Louise Jones, une Montréalaise qui a travaillé dans le domaine de la santé en tant qu’infirmière, naturopathe et homéopathe. Après avoir fréquenté la Fraternité de Lumière de Melchitsedek, elle aurait reçu un contact télépathique avec Adama, un grand prêtre lémurien sensé résider dans la Cité de Telos, située sous le Mont Shasta en Californie. Vivant maintenant à Shasta même, elle est propriétaire de la maison d’éditions Mount Shasta Publishing et ses livres sont traduits en de nombreuses langues. Ses principaux écrits sont les trois tomes de Telos ainsi que des documents audio (disques compacts). Ses œuvres contiennent avant tout les révélations faites à Aurélia L. Jones par Adama et les procédures à suivre pour rejoindre les habitants de Telos, les Lémuriens.
Les croyances :
Il y a au-delà de 4 millions d’années vivaient sur terre les Lémuriens, sur un continent appelé Mu (ou la Lémurie) situé dans le Pacifique. Ces Lémuriens vivaient dans la quatrième dimension, c’est-à-dire à un niveau vibratoire supérieur à la troisième dimension. Ils étaient pacifiques, très avancés technologiquement, spirituels, et l’on compare leur lieu de résidence au paradis. Cependant, un abaissement du niveau de conscience (au niveau de la troisième dimension) de la part des êtres peuplant la planète à cette époque engendra de nombreux bouleversements auxquels durent réagir rapidement les Lémuriens. Ceux-ci se préparèrent donc à vivre à l’intérieur de la terre, creusant des tunnels en dessous du Mont Shasta. Environ 25 000 Lémuriens furent sauvés de l’engloutissement de leur continent sous l’océan Pacifique et nommèrent leur nouvelle ville « Telos » (ou la Nouvelle Lémurie).
Le Mont Shasta constituerait donc toujours aujourd’hui la terre d’accueil des Lémuriens. Ceux-ci y vivraient dans l’amour, la paix et l’abondance et auraient même atteint le niveau vibratoire de la cinquième dimension. Les habitants de Telos attendraient patiemment les humains qui parviendront à l’Ascension. Pour cela, les humains doivent manifester leur ouverture à recevoir leurs enseignements et à adopter leur style de vie. Ils pourront ainsi bâtir avec eux l’âge d’or de l’humanité, un âge caractérisé par l’amour, la fraternité, la prospérité et l’immortalité.
La Fondation Telos :
Il s’agit d’un organisme à but non lucratif dont les activités tournent autour de réunions, de discussions, d’ateliers et de lectures. Le fonctionnement de l’organisme semble se faire grâce à la participation de bénévoles. La contribution des membres est de 25$ CAN par année, sans compter l’achat de livres ou les frais reliés à la participation aux ateliers et aux activités variés.
Les enseignements du groupe sont axés sur la préparation à un futur meilleur, favorisé avec l’aide des Lémuriens. Pour recevoir cette aide, les êtres humains doivent adhérer à l’amour et à la fraternité sur la terre et être prêts à accueillir les Lémuriens de nouveau à la surface de la terre. Sauf une participation annuelle minime, l’adhésion au groupe ne semble pas être plus étendue que la participation à certaines activités et le partage d’espoirs, de valeurs et de croyances communes. On recherche d’abord la transformation personnelle et le travail sur soi, qui pourront ensuite mener à l’Ascension et à la pleine réalisation.
Le siège social de la Fondation Telos se situe à Montréal. Cependant, les groupes reliés à la Fondation semblent être plus nombreux en Europe.
La Fondation Telos est un mouvement relativement récent (2005) qui s’apparente aux groupes de spiritualité d’inspiration ésotérique et Nouvel Âge près de la mouvance « IAM » (« Je Suis »). Son action est centrée sur la réalisation personnelle de l’individu, en vue d’une « ascension » vers une dimension plus élevée et éventuellement vers le retour des Lémuriens.
Demande reçue par courriel :
Bonjour,
Je me suis inscrite à un cours de méditation Vipassana à Sutton au mois de juillet qui vient. Cela dure 10 jours et certaines personnes me disent qu’il y a peut-être des dangers genre secte ou endoctrinement ?
Qu’en pensez-vous ?
Mon but est de me connaitre davantage et d’être moins à la merci de mes émotions et des sensations.
Merci à vous !
Réponse de l’agent du CROIR :
Bonjour,
Les formations Vipassana existent au Québec depuis 1979. À ma connaissance, il n’y a jamais eu de controverse réelle autour de ce mouvement et qui ferait craindre une influence néfaste au plan doctrinaire.
Évidemment, il faut être bien informé pour être certain que la formation offerte correspond à vos attentes personnelles. Lorsqu’on parle de suivre cet enseignement en étant « libre de toute religion », comme il est dit sur leur site Web, je crois qu’il faut voir cela comme une manière de s’initier à quelque chose de nouveau, mais sans avoir à s’engager dans un cheminement bouddhique à long terme. Cependant, l’objectif de la formation Vipassana (comme de la plupart des pratiques bouddhiques) est clairement d’ébranler les convictions fondamentales du pratiquant pour lui permettre de « voir les choses comme elle le sont vraiment » (du moins dans la conception bouddhique du monde). Les centres Vipassana proposent une expérience ponctuelle, qui n’engage à priori à rien (tant sur le plan des valeurs fondamentales, que sur le plan de l’engagement pratique ou sur le plan monétaire), mais qui s’inscrit dans une expérience bouddhique visant à observer sa réalité intérieure pour ainsi faire disparaître la souffrance qui habite l’individu et faire découvrir l’expérience de l’« éveil ».
C’est à vous de faire votre choix. Dans la mesure où vous savez dans quoi vous vous embarquez (à ce que j’ai pu voir, la formation de dix jours semble assez intensive et demande un niveau d’abandon à la pratique assez élevé), je ne vois pas de problème à l’horizon. Le centre Vipassana ne fait pas l’objet de critique fondamentale au niveau légal ou au plan de l’endoctrinement.
Je ne suis pas un pratiquant de méditation. Il m’est donc difficile de vous donner mon avis sur les résultats bénéfiques ou non de telles pratiques. De plus, ma position me demande de garder une certaine distance critique fasse aux phénomènes que j’étudie.
Cependant, il est certain que ces pratiques asiatiques (méditation zen, méditation transcendentale, yoga, tai chi, etc.) sont devenues populaires parce qu’elles répondent à des attentes des Occidentaux. Ces attentes sont diverses mais tournent souvent autour de la recherche de nouvelles expériences spirituelles qui proposent une vision du monde et de l’être humain différente de celle du christianisme.
De fait, il y a souvent une adaptation (les mauvaises langues disent une distortion) qui fait en sorte que les traditions asiatiques telles que présentées en Occident sont souvent un peu différentes de ce qu’on retrouve en Asie. En arrivant en Occident, les traditions asiatiques sont habituellement obligées d’adapter leur discours aux réalités et aux attentes des Occidentaux. Personnellement, je n’y voit qu’un processus normal et nécessaire à l’implantation de ces traditions en Occident, même si plusieurs y voient une dénaturation. Encore une fois, la question est de savoir ce que VOUS cherchez et si cela répond à vos attentes personnelle.
Demande reçue par courriel :
Bonjour,
J`aimerais avoir plus de renseignement sur la christothérapie svp.
Fait t- elle partie du New Age?
Merci
Réponse de l’agent du CROIR :
D’après les quelques informations que j’ai pu prendre, la christothérapie et l’agapèthérapie sont étroitement liées au mouvement charismatique. En théorie du moins, le mouvement charismatique est bien reconnu par l’Église et ne fait donc pas problème.
Mais si on définit les spiritualités contemporaines (c’est l’expression plus souple que je préfère pour parler de New Age) comme des réaménagements individuels de la recherche religieuse qui se modèlent sur la société de consommation (voir le texte qui se trouve sur le site du CROIR, auquel je réfère plus bas), on se rend compte que plus on insiste sur l’esprit (ou Esprit), plus on réussit à plier la religion aux besoins multiples et changeants du consommateur contemporain très individualiste. Je pense que, tout en étant tout à fait acceptable du point de vue de l’institution ecclésiale, ces formes de spiritualité prennent un caractère de thérapie individuelle et parviennent à intégrer des soucis de bonheur individualiste très contemporains.
Je suis conscient que certains théologiens ne seraient pas du tout d’accord avec ce genre d’analyse à tendance socialisante. Mais du point de vue d’une analyse qui cherche à situer ces courants spirituels à l’intérieur d’une dynamique sociale plus vaste, il est difficile de ne pas se rendre compte que l’institution ecclésiale est elle aussi traversée par des reprises individuelles. Autrement dit, il se passe dans l’Église exactement ce qui se passe dans la culture et la société en général. Peu de gens s’abonnent au même poste de radio ou de télévision toute leur vie, vont toujours au même restaurant, etc. Ils zappent, ou écoutent trois postes en même temps… Ils font exactement la même chose dans le domaine du religieux et justifient ces comportements en invoquant l’esprit de liberté, etc. etc. Je ne dis pas que tout cela n’est pas acceptable. Mais il faut savoir ce qui se passe autour de nous, ne pas être naïf, se rendre compte des forces qui traversent même notre Église, et faire attention de ne pas se laisser emporter dans des dérives trop importantes…, même au nom d’un Esprit nouveau…
J’espère que ces quelques réflexions nous éclaireront. Je vous recommande encore la lecture du texte « Nouvel Âge et contexte spirituel contemporain » dans la section Des documents.
Vous trouverez également sur le portail du même site des définitions de religions, spiritualités, mouvements religieux, etc. qui pourront vous aider à mieux situer ces phénomènes.
Demande reçue par courriel :
Bonjour,
J’aimerais avoir de l’information sur l’organisation « Innerpeace ». Qui sont-ils ? Qui est à la tête de cette organisation ?
L’organisation est en lien avec ACIM, centerforinnerpeace.org. Ils ont un livre qu’ils offrent en français, Un cours en miracle. J’ai découvert cette organisation par mon beau-frère qui changeait complètement d’attitude et semblait être toujours sur un « high » comme sur de la drogue. Il m’a dit qu’il lisait le livre Un cours en miracle. Je suis un peu craintive car je ne le sens pas très réaliste et cela me fait peur. Il applique Dieu dans sa vie mais d’une autre façon. Donc j’ai besoin d’éclaircissement. Est-ce que cette organisation croit que Jésus est le Sauveur et Seigneur? Qu’il est mort à la croix pour nous? etc. Est-ce un groupe chrétien… quoi ? Est-ce que c’est dangereux… est-ce une secte ?
J’ai vraiment peur; d’un côté je lis cela et ça me semble OK, mais d’un autre côté, cela semble mystérieux et inconfortable.
Pouvez-vous m’en dire plus ?
Merci à l’avance de votre amabilité de bien me répondre.
Réponse de l’agent du CROIR :
Voici les éléments que j’ai pu trouver par rapport à vos interrogations:
Le Cours en miracles est un livre en trois tomes qui fut publié pour la première fois en 1976. Le livre fut rédigé par une professeure en psychologie médicale de l’Université Columbia, à New York : la Dr. Helen Schucman, décédée en 1981. Selon elle, le livre contient les enseignements que lui a transmis une voix à l’intérieur d’elle-même entre 1967 et 1971, et qu’elle a simplement retranscrits. Schucman décrit cette voix comme celle de Jésus-Christ.
On dit que le livre s’est vendu à 1.5 millions d’exemplaires depuis 1976. Il est publié par la Fondation Innerpeace. Au fil des années, plusieurs personnes et organismes divers se sont donné la mission de diffuser les enseignements contenus dans le livre A course In Miracles. Certains de ces organismes furent créés par des gens de l’entourage de Schucman (Miracle Distribution Center, http://www.miraclecenter.org; Foundation for A Course in Miracles, http://www.facim.org). D’autres viennent d’anciens étudiants ou de maîtres spirituels qui ont intégré le livre de Schucman à leur propre programme d’enseignement spirituel. À ce que je peux comprendre, c’est le cas du Center for Innerpeace, qui propose un enseignement issu de plusieurs traditions, dont certaines traditions asiatiques.
L’enseignement proposé par le livre A Course in Miracles puise de toute évidence dans le christianisme. Les idées en sont cependant réinterprétées et recomposées dans un contexte qu’on dit plus moderne, plus adapté à la vie d’aujourd’hui. En anglais, le terme qui est employé est « self-study » (l’étude par soi-même – à travers la lecture du livre). Selon les dires de Schucman, c’est une « voie vers l’amour universelle et la paix » dont l’objectif est de « se souvenir de Dieu ». Le pardon est au cœur de la démarche spirituelle proposée par Schucman. L’adepte doit se défaire de la culpabilité (la culpabilité du péché, si j’ai bien compris) en pardonnant aux autres et à soi-même.
Selon le spécialiste américain de l’innovation religieuse Gordon Melton, on peut considérer l’enseignement de A Course in Miracles comme une branche du mouvement du Nouveau penser (New Thought) et de la Science chrétienne qui se développe à la fin du 19e et au début du 20e siècle. Ces courants d’inspiration chrétienne sont peu connus au Canada mais ont connu un certain succès aux États-Unis.
Les critiques faites au Course in Miracles viennent principalement des milieux chrétiens. En effet, plusieurs critiques chrétiens ont fait valoir que les enseignements du « Cours » constituent une distorsion complète du message des Évangiles et contredisent carrément les bases dogmatiques du christianisme. Certains éléments, bien que puisant dans un vocabulaire chrétien, sont en effet problématique du point de vue de la doctrine chrétienne :
- Jésus est un « christ » parmi d’autres et chaque individu a la possibilité de devenir « christ ». De ce point de vue, Jésus n’est pas l’unique sauveur; chacun peut se sauver lui-même.
- L’être humain n’aurait jamais quitté le paradis; nous sommes toujours au paradis, mais vivont actuellement dans un rêve duquel il faut se réveillé.
- Contrairement au christianisme, le cours ne demande pas à l’adepte de participer à une forme de culte, de prière, de célébration. Il ne demande pas n’ont plus de se soumettre à un clergé ou à une forme de hiérarchie. Il ne demande même pas de s’intégrer dans une communauté particulière de croyants.
- Le cours enseigne que le monde dans lequel nous vivons est une illusion créée par l’esprit et non par Dieu.
- Au cœur de ces illusions est l’égo, constitué de trois parties : le péché, la peur et la culpabilité.
Il me semble clair, comme d’autres l’ont fait remarquer, que le « Cours » reprend des idées du christianisme qu’il réinterprète à sa façon, dans une optique qui se rapproche effectivement de ce qu’on peut trouver dans le Nouvel âge.
D’autre part, les différentes organisations qui enseignement le cours ne semblent pas avoir eu de démêlés avec la justice, du moins au mieux de mes recherches. Il ne semble donc pas y avoir d’intention criminelle derrière ce mouvement. Pour le reste, c’est une question de croyance. En sciences des religions, nous évitons habituellement le mot « secte », car il véhicule souvent une perception péjorative des groupes religieux. Ceci étant dit, le Cours en miracles s’inscrit, à mon sens, dans ce qu’on peut appeler l’innovation religieuse, une nouveauté dans le paysage religieux. Ce n’est pas un jugement, simplement une constatation. Il est clair cependant pour moi, du moins à ce que j’ai pu lire, que ce mouvement s’inscrit en marge du christianisme traditionnel, pour ne pas dire qu’il s’en détache complètement.
C’est l’analyse que j’en fais à ce stade, avec les quelques recherches que j’ai eu le temps de faire. Si vous avez d’autres questions, n’hésitez pas à me recontacter. Il me fera plaisir de vous répondre.