Le terme « croyance » désigne généralement toute proposition qui échappe à l’observation immédiate ou à la démonstration rigoureuse. On y adhère en raison d’une culture partagée, d’une philosophie personnelle ou d’une profession de foi religieuse. On peut multiplier les exemples : le soleil tourne autour de la terre; il se lève le matin et se couche le soir; il existe un Dieu tout puissant, créateur du ciel et de la terre; il n’existe aucun dieu créateur, seulement des phénomènes interdépendants; nous récoltons ce que nous avons semé; il existe en chaque être humain une âme ou esprit immortel. Pour faciliter la compréhension, on peut considérer qu’il existe diverses formes de croyances qui vont du préjugé et du postulat scientifique jusqu’au mythe, au dogme et à la superstition.
En épistémologie (ou science de la connaissance), on discute des « préjugés » qui interfèrent dans l’acte de la connaissance, ou des « conceptions préalables » à la connaissance (en anglais preconceptions), pour en arriver le plus souvent à la conclusion qu’il est tout à fait normal d’en avoir un certain nombre, à condition d’en prendre lucidement conscience et d’utiliser les outils méthodologiques nécessaires pour s’en prémunir pendant la recherche elle-même.
En science, on appuie souvent un raisonnement sur des « postulats », c’est-à-dire des principes que l’on accepte comme légitimes même s’ils paraissent indémontrables dans l’état actuel des recherches.
Bien qu’il ne se présente pas sous forme de proposition arrêtée, on peut dire que le « récit mythique » fait partie des croyances acceptées par différents groupes culturels. On peut classer sous cette rubrique les récits de création ou d’anéantissement du monde, mais également toutes sortes d’autres récits qui font intervenir des héros civilisateurs, des incarnations divines, des entités supérieures ou inférieures à l’être humain et dont les actions conditionnent son existence présente et les valeurs que telle ou telle culture se donnent pour exister pleinement. Du mythe je propose la définition suivante : « Une construction narrative à travers laquelle un groupe social spécifique, par l’intermédiaire de ses sages (voyants, prophètes, griots, vieillards, etc.), s’explique sa propre existence et lui donne du sens; le mythe propose entre autres une interprétation des origines du groupe et un aperçu des valeurs qui définissent son identité. »
Les « dogmes » (un terme d’origine grecque) et les « articles de foi » (une expression d’origine latine) sont des propositions qui relèvent de l’institution chrétienne, bien que le terme s’emploie aussi de façon plus large. Ce sont des développements qui surgissent de discussions lors des réunions conciliaires et qui viennent expliciter le dépôt de la foi. Ce sont des croyances affinées et réfléchies.
Le terme de « superstition » a le plus souvent une connotation négative. Françoise Askevis-Leherpeux qualifie de superstitieuses « [l]es croyances qui, à une époque donnée, vont à l’encontre des doctrines et pratiques attestées par les fractions dominantes de la communauté scientifique et / ou de la communauté religieuse culturellement la plus importante » (La superstition, Paris, P.U.F., 1988, p. 30).